Radiodermite chronique
Révision datée du 20 septembre 2025 à 19:16 par Pascal Toussaint (discussion | contributions) (→Forme plus complexe → radiodermite dystrophique)
La Radiodermite chronique correspond aux complications cutanées tardives, survenant à distance de l'arrêt du traitement , après une radiothérapie.
Généralités
- Les effets retardés des radiations ionisantes sur la peau peuvent se développer progressivement et de manière irréversibles dans les mois et années après l'arrêt de la radiothérapie.
- La radiodermite chronique est sont favorisée par des irradiations itératives, une exposition solaire intense ou des traumatismes répétés.
Physiopathologie
- Les rayonnements ionisants agissent initialement sur les cellules à renouvellement rapide lors dela mise en place des lésions de radiodermite aiguë.
- L’apoptose et la nécrose de ces cellules sont la cause d’une diminution des capacités de renouvellement cellulaire.
- les cellules lésées produisent des cytokines pro-inflammatoires (TNFα,IL-1, IL-6), qui entretiennent l’inflammation et participent au recrutement de fibroblastes, qui vont secréter une matrice extracellulaire abondante de qualité particulière avec
- - des faisceaux de collagène épaissis
- - une augmentation relative des fibres élastiques
- Ces anomalies histologiques aboutissent à la formation d'une fibrose dermique ( sclérose) qui s'associe à d'autres anomalies à une atrophie des follicules pileux, des glandes sébacée
- La sclérose s'accompagne alors
- - atrophie des follicules pileux → dépilation
- - atrophie des glandes sébacées → xérose cutanée
- - d'une raréfaction des capillaires → hypoxie tissulaire cutanée
- - raréfaction des cellules immunitaires (cellules de Langerhans)
- L'ensemble de ces mécanismes rend compte des signes cliniques de la radiodermite chronique , mais également des risques auxquels elle expose le patient
- - risque infectieux
- - risque de retard voire d'absence de cicatrisation
- - risque accrus de développement de cancer cutanés
Aspects cliniques
Radiodermite chronique simple
- Les signes suivants peuvent se survenir isolément ou en association
Poïkilodermie
- Une plaque de poïkilodermie peut associer les différents signes cliniques suivants
Érythème | Dyschromie | Télangiectasies | Atrophie cutanée |
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Xérose cutanée
Sclérose cutanée
- Par infiltration et densification du derme
- La peau n'est plus plissable
Forme plus complexe
Ulcération compliquant une plage de poïkolodermie
- Plaie superficielle
- Plaie cavitaire
- Plaie nodulaire
- Aspect mixte
Ostéo-radio-nécrose
- L’ostéoradionécrose est une complication rare, sévère et et tardive de l'irradiation par atteinte des tissus osseux.
- - les délais d’apparition peuvent être très longs (parfois plusieurs décennies) après la radiothérapie
- Cliniquement, l’ostéo-radio-nécrose se manifeste par une masse dure, osseuse, sous-cutanée en regard de l’os irradié
- - des esquilles osseuses peuvent perforer spontanément la peau et entrainer une ulcération
- - une infection sous forme d’ostéite est rare mais grave.
- Le diagnostic est facile compte-tenu des antécédents d’irradiation et de cette notion de masse dure, de texture pierreuse, qui évoque le tissu osseux
- Diagnostic différentiel → sue avis spécialisé, une biopsie pourra être faite afin de ne pas méconnaitre un sarcome radio-induit ou des nodules de perméation → ces deux lésions sont souples à la palpation et touchent seulement la peau.
- - cependant,en dehors d’une suspicion d’une pathologie maligne, il n’est pas recommandé de faire de biopsies car le risque d’absence de cicatrisation est très important.
- Il n’est pas nécessaire de faire des examens d'imagerie
- La prise en charge est complexe
- - le traitement médical est décevant avec des réponses très partielles de l’association comprenant de la vitamine E, de la pentoxifylline et du clodronate ou de l’oxygénothérapie hyperbare
- - en cas d’ostéite ou de lésions étendues et délabrantes, l’exérèse de tout l’os et des tissus pathologiques associée à une greffe de lambeau